Quelques milliers, ou plutôt quelques millions ? Le coût d’une campagne présidentielle varie selon les candidats. Certains ne dépassent pas les 500 000 euros, tandis que d’autres vont au-delà de 10 millions. Mais comment ça marche, le financement d’une campagne présidentielle ?

Depuis les lois de 1988 et 1990, les campagnes électorales de chaque candidat doivent être organisées par une association de financement électorale. Afin de financer leur campagne, les candidats peuvent faire appel aux dons : réservés aux personnes physiques et aux partis et groupements politiques, le montant de ces dons est plafonné. Tous les candidats, une fois validés par le Conseil Constitutionnel, reçoivent une avance financière sur leur remboursement. 

D’autre part, tous les frais liés à la campagne officielle sont pris en charge directement par l’Etat (bulletins de vote, affiches officielles, spots de campagne…). 

Pour compléter ces sources de revenus, les candidats peuvent utiliser un apport personnel, emprunter aux banques ou reçevoir l’appui de leur parti politique.

Mais les dépenses de campagne ne peuvent pas excéder un certain budget. Deux plafonds sont déterminés, le premier correspond au premier tour, le second permet aux candidats présents au second tour de dépenser davantage. De plus, depuis 2001, les candidats ne peuvent plus contracter de prêts à des banques situées en dehors de l’Union Européenne. Ils ne peuvent pas non plus demander de l’aide à des entreprises. Toutes ces règles répondent à un encadrement très strict du financement des campagnes électorales. 

Mais où passe tout cet argent ?

En 2017, environ 30% des dépenses de campagne étaient attribuées aux meetings. Avec une moyenne de 200 000€ par meeting, jusqu’à 6 millions d’euros ont été dépensés dans ces événements par certains candidats.

Le coût global d’une campagne dépend de beaucoup de facteurs, et avec un plafond à ne pas dépasser, les candidats s’adaptent surtout aux modalités de remboursement. Ainsi, les candidats qui sont certains de faire un bon score se permettent davantage de dépenses que ceux qui pensent réunir moins d’électeurs. En 2012 par exemple, la candidate écologiste Eva Joly n’avait dépensé que 550 000€ pour l’ensemble de sa campagne. Bien loin des 13 millions d’euros dépensés par Nicolas Sarkozy. 

Car en effet, le montant du remboursement dépend du résultat obtenu par le candidat : en dessous de 5% des suffrages, le montant remboursable est 10 fois moins important que pour les candidats ayant obtenu plus de 5%. Les deux finalistes toucheront, quant à eux, une somme plus importante que tous les autres candidats (voir infographie).

Les dépenses de campagne de chaque candidat seront visibles six mois après la fin de l’élection, sur la plate-forme “Fin’Pol”, où ils devront tous, sans exception, déposer leur compte de campagne. La Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements Politiques (CNCCFP) analysera ensuite ses chiffres, pour vérifier qu’aucun excès n’ait eu lieu. Si un candidat ne respecte pas les règles fixées par l’Etat, il s’expose à la suppression pure et simple du remboursement de ses frais de campagnes, comme ce fût le cas de Nicolas Sarkozy en 2012, avec l’affaire Bygmalion.



— Artur Bucaille