Narrer le monde et éduquer les esprits. C’est là le rôle d’un journaliste.
Mais comment jouer ce rôle lorsque l’opinion publique n’a plus aucune confiance? Selon l’Ifop, en 2021, 55% des français ne font pas confiance aux médias.
Quelle crise traversent les médias aujourd’hui, quels en sont les facteurs et quelles sont les solutions ?
L’apparition et la multiplication des supports de médias ont certes permis une plus grande accessibilité à l’information mais elles ont aussi créé le phénomène d’information de masse.
L’information se diffuse beaucoup plus rapidement et les médias se prêtent à une course aux audiences : la production de l’information ne fonctionne plus que par le “copier-coller”. Seul un tiers de la production de l’information est complètement originale, tout le reste n’est que de la reprise médiatique. Cela peut s’expliquer de la manière suivante : autrefois, le journal était majoritairement payant mais depuis, la tendance s’est inversée et accéder à l’information est devenu gratuit. Les journaux ont donc recours à des financements soit par la publicité soit par des milliardaires.
Les annonceurs cherchent à faire de la publicité pour leurs produits et investissent donc sur le média qui fait le plus de lecteurs.
De ce fait, les médias cherchent toujours à faire plus d’audience que leurs concurrents et ne fournissent plus autant d’énergie dans la qualité de leur information mais cherchent plus à attirer des lecteurs par le biais des phénomènes de “fake news” ou “pute à clic”, autrement dit mettre en gros titre une phrase qui choque et qui n’est pas forcément vraie, uniquement dans le but d’attirer des lecteurs.
Concernant les médias détenus par des milliardaires, certains se sont déjà vus censurés par leurs financeurs car l’information qu’ils produisent ne mettaient pas ces derniers à leur avantage, révélaient des informations qui ternissent leur image ou encore pour des raisons d’opinion politique. Ces médias ne sont donc pas totalement neutres et libres.
Pour rebondir sur le phénomène des “fake news”, cela est accentué par le fait qu’aujourd’hui, n’importe qui, journaliste ou non, peut créer de l’information. Le risque avec cela c’est que les personnes dont ce n’est pas le métier n’ont pas de déontologie à respecter. Ils peuvent présenter une information qui n’est pas conforme à la réalité, bien qu’elle puisse être crédible. Tout cela crée de la méfiance de la part de la population qui a du mal à distinguer le vrai du faux dans toute cette masse d’information.
Réinventer le journalisme
Il faut trouver une nouvelle façon de produire et consommer l’information, une des solution étant une presse qui se veuille désirable et utile et non une course au financement.
Rapprocher producteur et consommateur, inclure ce dernier dans la production de l’information sont les directives que certains médias ont décidé de prendre afin retrouver la confiance et cultiver une hygiène informationnelle.
Le journal Nice-matin par exemple, invite le lecteur à choisir la thématique du dossier qui sera traité et l’associe à l’enquête pour lui donner un sentiment d’appartenance et d’utilité.
Une nouvelle forme de journalisme voit le jour : le journalisme d’impact qui consiste à utiliser ses compétences d’investigation et d’analyse au service de problématiques locales pour aider le lecteur à comprendre le débat, un facteur clé pour la santé de la société et une prise en compte de ses besoins.
Par ailleurs, le monopole des médias par les milliardaires ou la publicité entraînent parfois la manipulation de l’information. Pour contrer cela, quelques médias passent par le modèle des abonnés, où personnes paient pour lire ce qu’ils veulent : ils choisissent par exemple le thème du dossier à traiter pour chaque semaine. Une méthode innovante qui plaît à beaucoup qui se sentent investis. Mais il est difficile pour l’époque actuelle de trouver de bonnes raisons aux abonnés de payer pour une chose qu’ils peuvent avoir gratuitement.
Il faut aussi souligner que le problème avec ce modèle est que, dès lors que le journal pour lequel les lecteurs paient, va à l’encontre de ce qu’ils veulent ou de leurs avis politiques, ils risquent de se désabonner, ce qui pose le problème de la neutralité dans la production de l’information.
Le journalisme traverse une crise de confiance et il y a une réelle nécessité de se réinventer pour s’assurer un avenir, innover pour survivre.
De nouvelles manières de produire de l’information voient donc le jour mais seront-elles pour autant suffisantes pour redonner confiance à l’opinion publique ?
— Salimata Dia